Bon nombre de collectivités choississent d'implanter de l'éclairage de style sur leurs espaces publics n'ayant aucun intérêt historique remarquable (antérieurs à l'époque Moderne). Ainsi pouvons-nous nous poser la question de la place de l'anachronomisme et du bien fondé esthétique dans de telles compositions urbaines.

L'éclairage de style peut-il donner un cachet, à un nouveau quartier ? Y a-t-il un intérêt ?

Pour les maîtres d'oeuvres et maîtres d'ouvrage, la réponse est claire : oui.

Mais qu'entend-on nous par "donner aux espace un certain cachet" ? La réponse est délicate, nous pourrions d'ailleurs philosopher sur la question un certain temps, non sans intérêt, mais le but n'est pas là. Comme nous l'avons expliqué plus haut, qui dit "éclairage de style ancien" dit "type de mobilier imitant un style esthétique d'une époque révolue". Ainsi, le désir d'attribuer un "cachet" à ces nouveaux espaces publics n'est autre qu'une volonté de placer, en quelque sorte, une valeur historique par un style traditionnel à ces nouvelles constructions. N'est-ce point un paradoxe ? On pourra s'en défendre en prétendant que le simple choix d'un tel mobilier n'est autre qu'esthétique, mais quel réel intérêt à placer un mobilier reprennant un style passé sur des espaces qui ne sont justement pas chargés d'histoire architecturale ancienne ? À la place, aurait-on très bien pu opter pour un mobilier au design contemporain. Le rendu serait certes différent, mais nullement inintéressant.

Les deux exemples qui suivent peuvent nous laisser dubitatif. Il s'agit de rues situées dans des quartiers récents, dont les concepteurs ont fait le choix d'un mobilier d'éclairage type bec de gaz alors que les constructions ne reprennent pas les codes architecturaux en vigueur à l'époque de l'éclairage au gaz justement. De telles pratiques sont relativement courantes, mais pas pour autant absurde d'un point de vue historique.

Quartier résidentiel édifié dans les années 1970-1980. (Sucy-en-Brie, 94)

Nouveau quartier résidentiel. (Lésigny, 77)

(3 photographies précédentes : site J-LumStreet.)

Quartier résidentiel construit dans les années 2000. Peut-on qualifier cette réalisation d'éclairage public réussie d'un point de vue esthétique?

Des associations de produits pas toujours judicieuses...

À l'époque de l'éclairage au gaz (puisqu'il s'agit de 2 lanternes type bec de gaz), ce style de crosse n'existait pas vraiment. Cependant, depuis les années 70, on trouve souvent cette association lanterne-crosse-mât. Devenue chose relativement courante, elle n'est plus choquante ni déplacée. (Aigues-Morte, 30)		Avant de continuer, nous pouvons aussi noter que certaines associations de produits entre eux perdent tout leur sens dans la mesure où le choix de leur composition est réalisée en dépit de la connaîssance historique auquel ces produits s'identifient. Certaines associations de produits sont devenues références au fil du temps, même si elles ne trouvent pas d'origines historiques directes. Voyons les exemples illustrés qui suivent. Le contre exemple ci-dessous, bien que "esthétiquement" plutôt réussi, parle de lui-même.
		Nous avons sous les yeux une lanterne de type éclairage à huile (XVIIIème siècle) montée sur un candélabre de l'époque des premiers éclairage électriques de la fin du XIXème siècle. L'anachronisme est grand ! (Abbaye de St-Michel de Cuxa, 66)

Il ne s'agit pas d'apporter une réflexion critique légère et rimant à peu de choses, mais plutôt de se poser les bonnes questions, sur le vrai sens des choses. Est-ce judicieux de s'habiller en costard-cravatte avec à ses pieds des chaussures de footing ? La démarche est la même pour l'association de produit d'éclairage entre eux et dans leur environnement.

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