Le monde de l’éclairage urbain a ses icônes. L’une d’elles est le mât aiguille qui s’est imposé dans de nombreux projets depuis plusieurs années.
Histoire
Lyon
En France, le concept des mâts aiguilles a été dessiné à Lyon pour le Boulevard Vivier-Merle dans le cadre du premier plan lumière du quartier de la Part-Dieu imaginé par le concepteur lumière Laurent Fachard en 1999 (réalisation à partir de 2000 avec l’arrivée du tramway T1). D’imposants et monumentaux mâts en fonte du fabricant Sermeto (Valmont) ont été développés pour ce boulevard et trônent sur l’esplanade en assurant l’éclairage de son ensemble. Concept novateur oblige, les projecteurs circulaires employés sont alors détournés de leur usage premier. En effet la gamme utilisée Arena Vision de Philips fut à l’origine destinée à l’éclairage des terrains sportifs ! Les mâts ouvragés sont illuminés depuis le sol par des projecteurs intégrés dans des fosses, ils deviennent de véritables marqueurs urbains nocturnes.

Les premiers mâts aiguilles – sous la forme actuelle qu’on leur connait – ont été installés en France il y a 20 ans à Lyon sur la Place Gabriel-Péri. Celle-ci a été réaménagé entre 2000 et 2003 dans le cadre du projet de requalification du quartier Moncey et de l’arrivée de la ligne de tramway T1 mise en service le 2 janvier 2001.
La place est un carrefour circulé complexe qui assure la liaison des stations de métro et de tramway. La contrainte majeure était la limitation du nombre de candélabres sur la place. Leur silhouette était voulue la plus fine possible. L’emploi de l’aluminium a su y répondre. C’est par le biais de projecteurs orientables sur 360° (fournit par le fabricant Sill) et installés en hauteur sur 3 mâts que l’éclairage confortable et sécurisant est assuré sur l’ensemble de la place.
La conception lumière a été réalisé par Roland Jéol aux côtés du paysagiste Bruno Tannant. Les mâts sont du fabricant Technilum qui les a nommé… Aiguille.
Les 3 mâts sont toujours en service. Toutefois un réaménagement de la place est à ce jour envisagé.

Les influences espagnoles
Pour l’éclairage des espaces publics, l’idée d’installer de façon esthétiquement assumée des projecteurs alignés sur la hauteur de grands mâts revient aux espagnols. Des modèles sont dessinés et installés dès la fin des années 90. Ils ne sont cependant pas surmontés d’une pointe.
Le premier candélabre du genre se nomme Kanya. Il a été dessiné en 1996 par les architectes Olga Tarrasó, Jordi Henrich, Jaume Artigues et Miquel Roig pour l’éclairage du front de mer de la ville de Barcelone. Le mât incliné fait référence aux cannes à pêche minces enfoncées dans le sable et se penchant vers la mer. L’ensemble est fabriqué par Escofet. Son design original se décline en finition acier galvanisé ou corten.
L’évolution française aboutie à un mât droit terminé en pointe et équipé de projecteurs plus compacts.
Qu’est-ce qu’un mât aiguille ?
Aujourd’hui, le qualificatif « mât aiguille » communément usité dans la profession se dit d’un mât en forme de pointe qui réunit en son sommet un groupe de projecteurs destinés à éclairer un espace ou une surface verticale. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un simple mât ayant cette apparence mais n’étant pas associé au concept d’éclairage polyvalent par projecteurs orientables. Ces derniers sont habituellement positionnés en partie haute le long du fût – et donc sur un axe verticale -, avec un pas régulier. L’extrémité haute est une pointe élancée qui apparente l’ensemble à une aiguille.

Engouement incontesté
Raisons de du succès
Elles sont assez simples :
- Polyvalence : composés de plusieurs projecteurs, il est possible de cibler les éléments à éclairer (à condition d’utiliser une photométrie intensive). Différentes fonctions d’éclairer peut être réunies sur un unique mât : éclairage d’une place + éclairage d’une chaussée la traversant + accentuation sur des végétaux ou un monument + mise en valeur de façade par projection à distance.
- Esthétique : la silhouette épurée, élancée et intemporelle des supports fait qu’ils s’effacent facilement dans l’environnement, surtout lorsque les projecteurs sont de taille réduite. De plus la multiplication des projecteurs regroupés sur un même grand support permet de réduire le nombre de mât au sein d’un même espace.
- Simplicité : il se compose d’un ensemble facile à poser mât cylindro-conique acier ou aluminium + attaches projecteurs + projecteurs + pointe sommitale décorative.
- Coût : par le caractère standard du mât cylindro-conique et de ses accessoires simples, un ensemble complet reste une solution économique. Il s’agit d’ailleurs d’une solution standard chez la plupart des fabricants. Pour l’éclairage d’une place il s’agit d’ailleurs bien souvent de la solution la moins coûteuse lorsque l’installation des sources lumineuses sur mât sont nécessaires.
Le mât aiguille est l’alternative esthétique parfaite à l’installation de grands mâts fonctionnels équipés de projecteurs sur lyre ou sur couronne.
Du vu, déjà-vu et re-déjà-vu ?
Le succès des mâts aiguilles est grand : ils sont devenus incontournables dans le paysage des villes quelque soit leur échelle. Une duplication telle qu’on pourrait désormais les ranger dans la catégorie des mobiliers fonctionnels standards pratiques mais définitivement déjà vus.
Mâts aiguilles singuliers
Voici une sélection de mâts aiguilles qui sortent un peu de l’ordinaire.
- Répartition des projecteurs sur des altimétries différentes

- Accessoirisation

- Pointe lumineuse
- Inclinaison
- Courbes et destructurés
- Matière et texture
Alternatives au mât aiguille
Les alternatives esthétique au mât aiguille sont nombreuses. On peut jouer sur le profil du mât, la forme, la section, l’accessoirisation… Loin de l’esprit de l’aiguille initiale, ces solutions restent plus coûteuses mais apportent une singularisation indéniable.
